Comment un mooc peut préparer à un mastère spécialisé
"Le mastère en santé publique, pour mieux répondre aux problèmes de santé complexes"
Parce qu’il est sensible à l’amélioration de sa pratique médicale, Mamadou Kampo, obstétricien à l’hôpital de Tombouctou au Mali, a suivi le Mooc d’épidémiologie d’Arnaud Fontanet. Avant d’intégrer le mastère spécialisé de santé publique à l’école Pasteur / Cnam. Récit d’une expérience pas comme les autres.
Mamadou Kampo, médecin obstétricien à Tombouctou, a suivi le Mooc d'épidémiologie avant de postuler au mastère spécialisé de l'école Pasteur Cnam.
Vous avez suivi le Mooc Concepts et méthodes en épidémiologie en tant que médecin obstétricien. Quel a été votre sentiment sur cette formation?
J’ai découvert les Moocs grâce à mon épouse qui m’a transféré le lien internet de la plateforme France université numérique (FUN). J’ai été séduit par le caractère adaptable à l’emploi du temps de chaque personne et l’accessibilité des cours.
Mon intérêt s’est naturellement porté en premier sur le Mooc Concepts et méthodes en épidémiologie parce que j’ai toujours été captivé par la recherche clinique pour l’amélioration de la pratique médicale. J’ai trouvé très intéressant ce Mooc que j’ai suivi avec beaucoup d’enthousiasme : les cours y étaient tout à fait en rapport avec les problématiques rencontrées dans ma pratique médicale. Ils m’ont permis de mieux comprendre le champ de l’épidémiologie et ont suscité en moi l’envie d’en savoir plus. Lors de ce Mooc, j’ai découvert le Professeur Arnaud Fontanet qui présentait les cours de manière simple et très claire.
Vous avez alors postulé au mastère spécialisé de santé publique de l’école Pasteur / Cnam. Pourquoi?
En tant qu’obstétricien à Tombouctou (Mali), je rencontrais des cas groupés de paralysie ascendante pendant la grossesse ou après l’accouchement avec parfois des complications dramatiques. Je me sentais assez démuni pour mener une investigation. Mon objectif était donc d’acquérir, grâce à ce mastère, des compétences en santé publique pour mieux répondre à ce type de problèmes de santé complexes et multidisciplinaires.
Vous avez intégré en 2016 ce mastère, avec la bourse de la coopération monégasque.
Cette bourse a été une grande opportunité pour moi. La formation du mastère spécialisé de santé publique de l’école Pasteur Cnam a été une très belle expérience aussi bien sur le plan académique qu’humain. La première partie se composait d’un tronc commun de septembre à janvier, où les cours étaient assez intensifs comportant l’épidémiologie, la biostatistique, la santé globale, la sécurité sanitaire ainsi que les aspects de sciences sociales et santé. Cette étape m’a permis d’une part, d’approfondir les notions d’épidémiologie avec en plus des cours, des travaux de groupe d’application concrète.
D’autre part, j’ai aussi été initié aux différentes spécialités intervenant dans les problématiques infectieuses et non infectieuses de santé publique. De janvier à juin, c’était la spécialisation. Mon choix s’est porté sur le risque infectieux. Nous avons ainsi été formés aux différents aspects de prévention, d’investigation, de surveillance, du diagnostic et de prise en charge des maladies infectieuses notamment émergentes et ré-émergentes.
Un des grands avantages de ce mastère spécialisé est qu’il est constitué de personnes issues d’une grande diversité d’origine géographique et de profil professionnel intervenant dans la santé publique. Il ressortait de nos discussions et partage d’expériences beaucoup d’enseignements. J’ai beaucoup apprécié cette formation avec un groupe d’une vingtaine d’auditeurs. Ce qui nous permettait d’échanger facilement avec les enseignants. Nos travaux de groupe, les moments à la fin des modules et les trois semaines de formation à l’École des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes ont contribué à créer des liens forts qui persisteront au-delà de la formation.
Vous avez réalisé votre stage de fin de mastère dans l’unité d’Arnaud Fontanet. Quelles étaient alors vos missions ?
Mon stage de mastère s’est déroulé dans l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes du Pr Arnaud Fontanet à l’institut Pasteur. J’ai travaillé plus précisément dans le groupe anthropologie médicale et environnement avec la Docteure Tamara Giles-Vernick et le Docteur Victor Narat dans le cadre du projet SHAPes (une étude pluridisciplinaire de l'émergence des maladies : le regard des sciences humaines sur les relations hommes-singes en Afrique équatoriale). J’ai réalisé une saisie de données des activités humaines et de leur conséquence dans le cadre de contact avec les primates non humains, puis leur analyse.
Ce stage m’a permis d’appréhender l’organisation dans une unité de recherche et sa rigueur, ainsi que la multidisciplinarité nécessaire pour une approche globale des problèmes de santé publique.
En quoi cette formation vous est-elle aujourd’hui utile ?
Grâce aux connaissances acquises dans ce mastère, je possède les outils nécessaires pour réaliser des études observationnelles de qualité notamment dans ma spécialité. Au-delà de leur application dans ma pratique clinique hospitalière, ma formation en santé publique me permettra d’apporter ma contribution dans le suivi et les actions d’amélioration des indicateurs de santé maternelle et néonatale en Afrique.
Qu’envisagez-vous pour la suite ?
Mon souhait est d’intégrer une équipe de recherche nationale au Mali et aussi nouer des collaborations avec des institutions internationales de recherche intervenant dans les pays du sud. Des projets portant sur une surveillance des complications de maladies infectieuses émergentes comme le Zika commencent à se mettre en place. J’espère pouvoir y participer pleinement.
Arnaud Fontanet présente le Mooc Concepts et méthodes en épidémiologie